Mars 2003

26/03/03

[-] Ton meilleur rôle

Je n'ai guère envie de parler de la guerre. Je suis tranquille de l'avoir évoquée il y a 2 mois. Maintenant... «La première victime de la guerre, c'est la vérité» disait Clémenceau. Attendre donc que la vérité se refasse une petite santé.

Quand même je voudrais adresser un petit mot. Michael (permets-moi de t'appeler par ton prénom)... Michael je ne te connais que de réputation, depuis Roger & me à peu près à cette époque. Je m'amusais de ta mine faussement bonhomme, de tes mots vachards.

Cette année, c'est vraiment la consécration pour toi. D'abord un prix à Cannes pour ton film. Et puis maintenant Hollywood : un oscar. J'imagine qu'on a dû te briefer dans les coulisses. On te connait (de réputation), mais on t'a demandé de mettre la pédale douce. «Please, une remarque acide d'accord mais point trop n'en faut. Parlez de la Paix, ça passe très bien à l'antenne.» Et toi tu as fait semblant de repeigner ta tignasse avec tes doigts, tu as sorti ton plus beau sourire enfantin et tu as opiné. «That's perfect. No problem».

Le grand moment arrive. On t'applaudit, tu montes sur la scène. La bise, la statuette serrée dans la main. La petite émotion qui étreint le coeur. Et tu te lâches. 45 secondes pour tout donner. «Shame on you, Mr Bush ! Shame on you !» L'assistance t'a hué. Mais les journalistes en conférence de presse t'ont applaudi. C'est son meilleur rôle, avait dit un conseiller à propos du président-acteur Reagan. Je te décerne ce compliment pour ces 45 sec.
Il y a aussi ce clip video que tu as tourné le 15 février dernier. Tu veux que je te dise ? C'est surtout le dernier plan que j'adore. On voit un gamin qui sourit à la caméra en faisant des ronds avec sa bicyclette. Rien que pour ce plan, des gens vont te détester. Prendre les humains par les belles images, c'est purement démagogique et populiste. Oui Michael, à l'heure où CNN, Fox News et Al-Jezira crépitent sans arrêt, t'es vraiment qu'un sale démago !

PS : discours de réception aux Oscars
via Immersion

  tehu - 13:42 - p91407644

20/03/03

[-] Renaud

Cette nuit, j'ai eu la curiosité d'allumer la radio à 3h38. Sur fond de sirène et claquements, j'entends un reporter de France Info, en direct de l'hôtel Palestine de Bagdhad, sur la rive gauche du Tigre. Exhaltation sourde dans la voix. Mais on reste journaliste quand même, merde. C'est la guerre, les premiers missiles, enfin de l'action. J'ai retenu son prénom : Renaud. Le même que mon frère. Ils ont peut-être le même âge.

En fin de matinée, je suis passé sur des sites d'agences de presse de propagande pro-israëlienne. Ils se nomment Desinfos.com (sic), Réinfo-Israël (re-sic), MenaPress. Si Proche-Orient.info roule derrière Sharon, ceux-ci sont bien à sa droite. Là où c'est possible de l'être. Si le premier peut être considéré comme une source d'information (avec des bémols : faut regarder qui signe); pour les seconds, ça devient franchement obscur quand on s'intéresse à leurs sources. Surtout qu'eux aussi ont leurs petits ennuis : les articles sont quelquefois pompés et caviardés par des sites encore plus extrémistes qu'eux.

Leur motto, c'est dénoncer l'information biaisée et unilatérale donnée par les medias français. Ironie de la chose : le camp d'en face a les mêmes griefs. Ce qui me fascine quand je lis des opinions sur la situation au Proche-Orient. A force d'être retournés, les mots en deviennent impuissants. Si les mots ne peuvent guérir les maux, on les transforme en armes.

Revenons à la radio. J'ai craqué, j'ai finalement éteint France Inter à l'annonce d'un débat entre R. Goupil (vieux con) et le chanteur de Tryo (jeune con). Réconcilié quand j'ai entendu la voix d'un maitre d'école primaire sur un répondeur. Audiblement ému, il ne savait pas comment "expliquer la guerre" à ses élèves.

  tehu - 17:33 - p91066146

16/03/03

[-] les frites de la liberté (freedom fries)

Qu'est-ce qui se passe à Washington DC ? C'est Pierre la Police qui a rédigé le plan media ? Rumsfeld a sorti une nouvelle Perle ? Ou le contraire ? Le sort du monde basculera-t-il sur un mauvais jeu de mots ou un lapsus freudien ? Vous le saurez la semaine prochaine.

Jean-Lucien Lagardère (dit Jean-Luc), capitaine d'industrie, se paie une mort digne d'un dirigeant soviétique. Infection "rare", mort annoncée prématurément, réunion en urgence du conseil de surveillance du groupe Lagardère. On espère que l'enterrement sera la hauteur, avec le fils successeur au premier rang. Photos en exclusivité dans Paris-Match. Ca tombe bien, ça leur appartient. C'est de l'argent qui ne sortira pas de la maison.

Proche-Orient.info est tout excité d'annoncer que Saddam possède 1.2% du capital du groupe Lagardère. C'est pas qu'on s'en fout mais on est limite blasé. En ces temps de capitalisme sans bornes, il est logique que les dictateurs possèdent eux aussi leurs fonds de retraite dorée.

  tehu - 13:48 - p90801207

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