(non Mongolo je n'ai pas lu Kant (-: )
Introduction à cette page
Peut-on juger un journal intime ? Ma réponse est oui mais (-:
D'abord je suis pour qu'on laisse tranquille ceux qui "débutent" dans
le métier, qu'on leur foute la paix. Si on commence à imposer
un certain niveau d'écriture, un certain niveau technique d'HTML, alors
là on n'en sort plus.
C'est déjà assez compliqué de sortir sa vie sur écran,
avec toutes les satisfactions et les frustrations que cela entraine. Ce qui
compte avant tout, c'est le plaisir d'écrire. Même ceux chez qui
le journal prend une forme thérapeutique. Raconter les pires horreurs
ou la douleur d'une séparation, d'une convalescence. En espérant
que l'écriture éloignera le mal.
Il m'arrive (et il m'arrivera) de citer ici de "jeunes" journaux, mais pour
ce qui est des commentaires plus longs, je laisserai écouler une période
de latence. Et puis on a vite fait de dire une bêtise, alors autant
y aller à pas prudents.
J'avais sorti une fois une boutade (mal comprise d'ailleurs). Un truc du genre
: "J'attends 6 mois et tchac je tranche !". On n'est pas au tribunal
bien sûr.
Mais ce que je voulais dire (oui c'est du cryptique tehu), c'est que j'aime
bien observer un diariste sur la durée. Voir ce qu'il attend de ses lecteurs,
regarder s'il cherche à repousser les limites. Est-ce qu'il veut améliorer
la forme du site, son écriture ? Je fais ça même avec les
auteurs pour qui a priori je n'ai pas d'affinités particulières.
Et il m'arrive de trouver chez certains des talents cachés que je ne
soupçonnais pas.
Ok, il y a des diaristes qui écrivent comme on écrit une carte
postale à ses copains. Des journaux comme ça, il y en a toujours
eu et il en viendra d'autres. Et tant mieux pour leurs copains, qui auront des
nouvelles fraiches. Chacun a sa place sur le Net.
Il en existe d'autres (surtout chez les débutants), qui investissent
une mission à leur journal. Il doit les valoriser aux yeux des autres.
Ils le considèrent comme une part d'eux-mêmes, intime ou pas. Une
remarque même anodine d'un lecteur inconnu peut amplifier les conséquences
: rendre le diariste très euphorique ou au contraire le plonger dans
le doute et le désarroi.
Le lecteur est à la fois perçu comme un moteur (je suis apprécié)
et un frein (je ne peux pas tout raconter). Mais tout ceci amène plein
de questions intéressantes qu'on développera un autre jour (-:
Il y en d'autres enfin qui sont à l'aise avec leur journal. Et c'est
là que pointe mon "oui". Ils ont établi la (bonne) distance avec
leurs lecteurs. Il y a le plaisir d'écrire qui compte toujours autant
et le plaisir de partager, de donner un peu de soi. Généralement,
ce diariste considère son journal comme une entité séparée.
Il accepte d'en parler en privé avec un lecteur, souvent pour raconter
ce que le journal apporte dans sa vie. Si un diariste peut en parler avec un
lecteur, pourquoi les lecteurs réguliers d'un même journal ne peuvent-ils
pas en parler ensemble ?
Et par extension, pourquoi des lecteurs de journaux différents ne pourraient
pas en parler entre eux, expliquer ce qu'ils aiment (ou pas) chez tel ou tel
journal ? Pour inciter les gens à devenir plus curieux encore.
Mais mon raisonnement se heurte à un problème : c'est que la base
francophone (diaristes et lecteurs) n'est pas assez large.
J'insiste surtout, qu'in fine, un journal en ligne est un outil. Pour
mieux se comprendre soi-même, disent certains. Pour communiquer disent
d'autres. Et même lier des amitiés à travers le réseau.
Si les archives existent, on peut les consulter, comparer le passé et
le présent, voir si on a changé. Mais si le diariste reçoit
une critique (positive, négative peu importe) venant de l'extérieur,
elle sera mieux écoutée si elle vient du lectorat fidèle.
Quand un diariste atteint ce degré de confiance, il peut parler de son
journal comme d'un objet. D'objet littéraire à ouvrage littéraire,
je saute le pas. C'est une oeuvre en soi, on peut la critiquer sans que son
auteur le reçoive comme une attaque personnelle.
Certains vont m'objecter qu'ils ne font pas dans "la Littérature".
Ils sont trop modestes pour ce genre de qualificatif. Peu importe que ce soit
de la grande ou de la petite littérature, à la limite on s'en
tape (-:. Les considérations sont ici éminemment subjectives.
Les goûts et les couleurs, hmmm ?
Pour ce qui est des *vrais* écrivains, très peu (je parle pour
la France) s'intéressent au Net en fait, la toile en tant que support
(et pas tiroir-caisse). Alors occupons le terrain.
en réponse à un article de la Luciole paru sur le forum de la CEV
[J'ai répondu à la forme. Je vais dire maintenant ce que je pense
du fond de l'article de la Luciole.
Ah oui désolé, quand on me lance... ]
Je vais résumer à gros traits ce qu'il a écrit. C'est une digression sur les rapports entre la France et l'Amérique, l'influence des artistes américains sur sa vie. Plus une petite touche d'émotion finale "Je m'arrêterai d'écrire le jour où..."
Certes il y a des différences culturelles US/FRA, je vais pas le concurrencer
sur ce plan. Il en connait plus que moi et je n'ai jamais mis les pieds aux
US.
Il semble dire pour moi : "Surtout ne rien faire comme les américains.
Sinon, c'est le début de la fin".
Moi je dis que je ne suis pas d'accord.
On va me répliquer : "Ah oui, alors tu es POUR la critique générale,
les awards, la compétition, la sélection..."
Je réponds non, je suis contre le fait d'ignorer les américains.
On n'est pas obligé de tout copier sur eux, mais on peut s'en inspirer,
regarder ce qu'ils font.
Et ca se limite pas seulement aux awards. C'est très spécifique, les awards. Et je comprends ceux qui disent que ca ne les concerne pas du tout, que l'esprit de compétition peut dévoyer les journaux, etc... OK
Par ex., j'ai vu qu'il y a une diariste anglophone qui vit à Montréal
(Inertia). Pourquoi ne pas la rencontrer ?
Tidji a parlé des artistes américains qui sont venus en France.
Pourquoi ne pas faire la même chose avec les diaristes américains
? Les inviter c'est un peu cher, mais on peut au moins les lire.
L'audience des journaux intimes français (par rapport aux québécois),
c'est vraiment confidentiel. En fait, il n'y en a pas assez. On gagnerait beaucoup
à s'inspirer des anglophones, qui ont de l'avance sur bien des domaines.
Il y a un an, je ne lisais pas de journaux anglais. "Trop compliqué c'est pas pour moi". Et puis après avoir échangé quelques mails avec Ph. Lejeune, j'ai commencé à en lire un, puis deux, puis trois. Ca m'a amené à faire des comparaisons, et donc quelque part... une critique.
Je suis content que la CEV offre des services aux diaristes, qu'elle les encourage.
Comme l'autre jour, quand Caterine a exposé son pb d'affichage, les lecteurs
lui ont vite répondu comment le résoudre. Ca entraine une émulation
entre diaristes.
Plutôt que de dire (comme Mongolo) que la CEV fait de l'ombre aux autres
cercles, ca devrait tirer, inciter les autres regroupements à en faire
plus.
Et puis franchement, les américains n'ont pas le monopole du capitalisme et les "français" (au sens large) le monopole du désintéressement, de la beauté du geste, de l'art pour l'art... Nos écrivains ici en france, ils marchent après les honneurs et les récompenses. Vous connaissez la pétition qui circule chez une partie d'entre eux ? Ils veulent rendre payants les prêts dans les bibliothèques afin de toucher des droits d'auteur. Et merci pour les pauvres !